- DUNCAN (I.)
- DUNCAN (I.)DUNCAN ISADORA (1878-1927)Danseuse américaine, née à San Francisco et morte à Nice. Dès l’âge de six ans, Isadora Duncan improvise des danses hors des règles classiques ou traditionnelles. Elle se produit jusqu’en 1900 dans les salons de la haute société de New York, de Londres et de Paris. Éprise de poésie, imprégnée d’hellénisme, anticonformiste, amoureuse de la nature, pieds nus, vêtue d’une seule tunique grecque, «bâtie comme la Vénus de Milo», elle s’exprime sur les scènes du monde entier en laissant libre cours à son inspiration; dansant sur les musiques ou sur les poèmes les plus divers, classiques ou contemporains, elle suscite le scandale ou déchaîne l’enthousiasme.Découverte lors de l’Exposition universelle de 1900, Isadora Duncan rencontre Loïe Fuller à Berlin. Elle triomphe dans Le Beau Danube bleu et dans des danses tziganes à Budapest, à Munich, ainsi qu’à Florence, où l’inspire Le Printemps de Botticelli. Elle danse avec l’Orchestre philharmonique de Berlin, tente sans succès de se fixer avec sa famille (sa mère, pianiste, ainsi que son frère et sa sœur). Dans cette ville, elle règle les divertissements d’Iphigénie et d’Orphée de Gluck, organise la «bacchanale» de Tannhaüser à Bayreuth. À Saint-Pétersbourg, elle rencontre Pavlova, Kschessinska, Stanislavski et Fokine; elle fonde une école de danse à Berlin, revient à New York en 1907, danse à Paris avec les concerts Colonne. Ayant quitté l’Europe en 1914, elle danse sur le thème de La Marseillaise dans les principales villes des deux Amériques et découvre le tango en Argentine. Elle épouse en 1921 le poète russe Essenine d’avec lequel elle divorcera; elle meurt accidentellement, étranglée par sa propre écharpe. Au cours de sa vie errante et tumultueuse, luxueuse ou misérable, Isadora Duncan a fréquenté et inspiré bien des grands noms de l’époque: Rodin, Poiret, Henry Bataille, Mounet-Sully, Eugène Carrière, Gordon Graig, Walt Whitman, Roland Garros, Dunoyer de Segonzac, Gabriel Fauré.L’esthétique d’Isadora Duncan est commandée par la revendication d’une totale liberté d’expression. «La danse a pour but d’exprimer les sentiments les plus nobles et les plus profonds de l’âme humaine, elle doit établir dans notre vie une harmonie chaleureuse et vivante, et c’est lui faire injure que de voir seulement en elle un divertissement frivole ou agréable.» Elle dira encore: «Je n’ai pas inventé la danse, elle existait avant moi, mais elle dormait et je l’ai réveillée.» Au service de cette esthétique, elle a fondé de nombreuses écoles de danse à travers le monde; le résultat en sera malheureusement très faible, car la totale liberté d’expression ne peut à elle seule fournir la base d’un enseignement.À l’époque des premiers mouvements pour l’amélioration de la condition féminine, Isadora Duncan incitera les femmes à une libération: «Habillez-vous simplement, marchez sans contrainte, veillez à votre santé, vous n’êtes pas des esclaves... pas même celles de vos maris, exprimez librement par le truchement de l’art vos émotions profondes.»
Encyclopédie Universelle. 2012.